'Noisette Desprez' rose References
Website/Catalog (24 Feb 2015) Narré en 1880 par son fils Charles Desprez « la Mille-Ecus » dans « Souvenirs intimes » Obscur entre les obscurs, ce petit village d'Yèbles a, sous le règne de Louis-Philippe, brillé momentanément d'un éclat dont quelques vieux horticulteurs peuvent se souvenir encore. Là s'était retiré, dans la tranquille et modeste vie de famille, un ancien fonctionnaire de l’Empire, amateur des jardins, épris de la jacinthe et de la tulipe, courtisan du dahlia, mais particulièrement fou de la rose, un rosomane enfin, comme il se qualifiait volontiers lui-même. Sans autre stimulant que son goût, sans autre but que l'agréable occupation de ses loisirs, il passait, hiver comme été, son temps à planter, greffer, bouturer, marcotter, semer, — à semer surtout, car, on le sait, tandis que la marcotte, la bouture ou la greffe ne peuvent rien changer sur la nature des sujets, le semis seul produit des variétés nouvelles. — Or, l'ambition de notre campagnard était moins de collectionner que de créer. Non content de posséder les roses de tout le monde, il en voulait qui n'appartinssent qu'à lui seul. Ses jours passaient ignorés au milieu de gains non moins ignorés, et dont lui-même était loin de soupçonner la valeur, quand un connaisseur fameux, Pirolle, rédacteur des Annales de la Société d’Agronomie pratique, ayant perdu sa route en revenant de présider je ne sais quel comice, vint à traverser le pays. Les suaves parfums qu'exhale un enclos frappent son odorat. Pressentant le voisinage de jardins dignes de ses descriptions, il saute de voiture, lorgne, flaire, va, vient, revient, tourne autour des murs, découvre enfin la porte, la franchit avec l’audace d’un conquérant et demande à parler au maître. Notre rosomane comparaît, et, supplié par l’intrus, consent à le promener dans ses plates-bandes. Ce fut une revue mémorable. Les giroflées sont appréciées, les campanules félicitées, les géraniums complimentés ; mais devant les roses, Pirolle stupéfait, atterré, confondu : — « Artificielles, n'est-ce pas, Monsieur ? en étoffe, en cire, en papier ? Non ? Comment ! Véritables ? Mais c’est prodigieux ! Il y a donc encore des sorciers ? » Ce dit, il s'approche, se baisse, examine, soupèse, ouvre son carnet, prend des notes, et d'une voix étranglée par l’émotion : — « Le trésor est vôtre, incontestablement ; mais c’est moi qui en ai découvert le gîte, et vous ne me contesterez pas le droit de m’en prévaloir. — Voudriez-vous divulguer…? — Oh ! Laissez faire, on ne vous pendra pas pour cela. Maintenant, veuillez m'aider. Comment appelez-vous cette petite rose grenat ? Et cette autre, large comme une pivoine ? Et cette autre encore si fièrement campée sur son pédoncule ? — Je ne les ai pas baptisées. — Réparons bien vite cet oubli, om plutôt ce manque d’égard pour des sujets de telle valeur. Avez-vous, parmi vos connaissances, quelque vieux général, bien digne, un peu ventru, à la démarche majestueuse ? — Le baron Soyez. — Voici qui lui convient. Et dans vos environs, quelque noble châtelaine au port superbe, à la carnation généreuse ? — La baronne Prévost — Nous lui donnerons cette filleule qui, je vous le prédis, ira loin et fera parler d’elle. Le nom de votre village, écrin de si admirables joyaux, mérite d'être illustré par cette éclatante fleur que nous allons conséquemment étiqueter Carmin d'Yèbles. Et parmi les vôtres, Monsieur, cette digne et aimable compagne, ce bon gros garçon, cette toute mignonne fillette auront bien aussi leurs roses, n’est-ce pas ? Tenez, les voici précisément dans ce carré, très ressemblantes. Et pour finir, donnons à la plus étonnante, à la plus merveilleuses de toutes, un nom qui porte au bout du monde la gloire de son créateur. Elle est de la variété des noisettes. Laissez ! Pas de fausse modestie. Là, c'est écrit. Dans moins d'un an tous les disciples de Flore connaîtront la Noisette-Desprez. » « La célébrité du jour, lisait-on, quelque temps après, dans les Annales de la Société d'Agronomie pratique, l'emporte pour le volume et pour la profusion des pétales, sur les plus belles roses connues. Gracieusement inclinée sur un pédoncule flexible, exhalant un parfum mêlé de thé, d'ananas et de jacinthe, elle est couleur de cuivre pâle avec des nuances pourprées d’un ton extrêmement délicat. Rien de plus brillant à l’œil et de plus doux à la main que son feuillage glabre, satiné, épuisant depuis le collet jusqu’à l’extrémité des rameaux toute la riche gamme des verts. Le sujet, robuste, sarmenteux, luxuriant, obéit à tous les caprices du jardinier. On en fait indifféremment des massifs, des berceaux, des tonnelles, des palissades. Son caractère est si tranché qu'il suffit de l'avoir vu une fois pour le reconnaître partout et toujours. »
Website/Catalog (24 Feb 2015) [Continued] Le compte-rendu de Pirolle fit événement, et l'année suivante, en effet, une foule d’amateurs vinrent à Yèbles visiter les roses. Ce fut, pour beaucoup d’entre eux, l'occasion de quelque surprise. D'aucuns s'étaient imaginé les vastes et somptueuses dépendances d'un château ; d'autres le rustique et pauvre enclos d'une chaumière. Ni ceci, ni cela. Vous descendiez de voiture devant une modeste mais confortable habitation dont le maître, vêtu il est vrai d'une blouse, chaussé aussi parfois de sabots, mais de manières distinguées, savant comme un livre et courtois comme un gentilhomme, vous faisait personnellement les honneurs. Vous étiez d'abord promené dans un jardin d'étendue médiocre, où le pois et l'artichaut côtoyaient familièrement le lis et le dahlia, mais où les vrais connaisseurs savaient bien vite apprécier certains carrés, certaines plates-bandes. L'inspection terminée, quelque besoin de repos se faisant sentir, on vous introduisait dans un frais et joli salon dont les hôtes, moitié par discrétion, moitié par timidité, avaient fui, mais où des livres, des journaux, des peintures en train, divers instruments de musique tels que piano, violon, cor d'harmonie, indiquaient des goûts fins et des loisirs dignement occupés. Incessamment mis en lumière par les descriptions chaque jour plus explicites et plus élogieuses des Annales, Yèbles fut, vingt années durant, l'objectif non-seulement des horticulteurs, mais des simples curieux, qui, malgré la distance et le mauvais état des chemins, y venaient de Paris, de la province, de l'étranger même, chercher, les uns, des exemples, les autres, des distractions. Parmi ces pèlerins d'un nouveau genre, citons le docteur Marjolin, ami du dahlia ; l'abbé Berlèze, connu pour sa collection de pensées ; le scandinave Uterhart, sans rival pour les giroflées ; Hardy, le savant directeur des serres du Luxembourg ; Alphonse Karr, Troyon, Redouté, Bohain, la comtesse Dash, Anaïs Ségalas, Roger de Beauvoir, dont les œuvres, on le sait, témoignent autant d'amour pour les fleurs que de génie pour les lettres et les beaux-arts. Mais celui entre tous dont la visite fit le plus de bruit, ce fut un Hollandais nommé Sisley-Vandaël. Il arriva en chaise de poste et, sans même vouloir entrer au jardin : — « Monsieur, dit-il à son hôte, j'ai loué à Paris un terrain où mon intention est de fonder une pépinière. Les commencements sont difficiles ; aussi ai-je résolu de débuter par un coup d'éclat, c’est-à-dire l'exploitation de votre rose. Combien voulez-vous me la vendre ? — La vendre ? Mais je ne suis pas marchand. — N’importe ; il ne s'agit point ici de commerce. Thiers, Victor Hugo, Lamartine font bien éditer leurs œuvres ! Rien de déshonorant, je suppose, à les imiter. Je serai l'éditeur des vôtres. Point d'hésitation valable. Prétendre plus longtemps jouir seul serait d'un égoïsme. Et puis, la gloire ! Y avez-vous songé, la gloire ! — « Ma foi, reprit le rosomane, vous avez touché la corde sensible. Mon architecte m'a remis hier le mémoire d'une petite serre que je viens de faire construire pour l’élève des boutures ; acquittez ce mémoire et la Noisette-Desprez est à vous. » Le mémoire se montait à trois mille francs — mille écus. Sisley les tira de sa poche, prit en échange plusieurs pieds de la rose, et, remonté dans sa voiture, — ont du moins raconté les chroniqueurs— la première chose qu'il fit fut de de frotter les mains en s'écriant tout joyeux : « Déjà sept mille francs de gagnés ! » S'attendant à de bien autres exigences, il s'était, paraît-il, provisoirement et comme à compte, muni d'un groupe de dix mille francs.
Website/Catalog (24 Feb 2015) [Continued 2] La nouvelle promptement répandue de ce marché fit sensation parmi les jardiniers. Elle ne causa pas moins d’émotion chez les amateurs. Nous allons donc enfin la tenir, se disaient-ils, cette merveille qu'il ne nous a, jusqu'à ce jour, été donné de voir et de flairer qu'à distance ! Car il faut bien l'avouer, le rosomane, jaloux de ses gains comme un sultan de ses odalisques, n'en offrait jamais, même aux plus grands personnages, même aux plus gracieuses dames, la moindre tige, le moindre fleuron. Un seul œil, en effet, greffé habilement, eût suffi pour déposséder l'inventeur au profit du premier intrigant venu. Et les lettres affluaient journellement chez l'éditeur, lui demandant vingt pieds, trente pieds, cent pieds de la Mille-Écus, sobriquet populaire, dont fut dès lors affublée la reine des semis d'Yèbles, et que lui donnent encore aujourd'hui beaucoup d'horticulteurs. Enfin, après deux ou trois ans de multiplications laborieuses, Sisley fit annoncer dans les journaux la vente au détail, à dix francs le pied, de la Noisette-Desprez ; mais, ô surprise ! ô désappointement ! Plusieurs confrères la donnaient le même jour, au prix de cinq francs. Pas l'ombre d'un doute possible, la rose avait été volée ; mais quand, mais où, mais comment, mais par qui ? Cette affaire passionna plus qu'on ne saurait croire. Le principal intéressé ouvrit une enquête, mettant naturellement hors de cause Yèbles, dont le maître n'avait pour auxiliaires que des paysans sachant tout au plus distinguer un œillet d'un chrysanthème, et dont les jardins clos de grands murs avaient, la nuit, pour gardiens, des chiens incapables de connivence. Quelques fleuristes de bas-étage furent soupçonnés ; Pierre, Paul, Jean, Chapardon, Marouflot ; mais comment accuser aucun d’eux sans preuves ? Ils se montraient d'ailleurs d'une susceptibilité redoutable. Pour de vagues propos, le plus infime de tous cria à la diffamation, intenta une action judiciaire et gagna si aisément son procès que nul n'osa plus même hasarder de suppositions malveillantes. On mit l'incident sur le compte d'un oubli, d'une méprise, voire d'une intervention diabolique. Les romanciers s'en emparèrent, et certain journal publia une série de feuilletons inspirés par la naissance, le mérite et les aventures de la Mille-Écus. La révolution de février interrompit brusquement ces préoccupations horticoles. Depuis un grand quart de siècle, le pauvre Sisley-Vandaël, victime du larcin qui contribua le plus, dit-on, à l'insuccès de son exploitation, a repris le chemin des polders. Pirolle n'est plus ; le rosomane l’a suivi dans la tombe, les haricots et les betteraves ont remplacé dans ses jardins, noisettes, portlands, provins, bengales ; l'élégante demeure qu'ont déserté ses maître n'est plus qu'un corps de ferme abritant du fourrage, du blé et des bestiaux ; Yèbles, qui d'elle seule tenait son éclat, est retombé dans l'obscurité ; toutes les passions excitées par le grand mouvement horticole de 1840 sont éteintes, peu même des amateurs ou des praticiens qui les ont partagées vivent encore, et parmi ceux-ci, combien ont gardé dans leur souvenir le roman de la Mille Écus ? Aucun, pensais-je, aucun évidemment, lorsque dans ces derniers temps, une affaire me conduisit chez M. Laffay, propriétaire d’une fort jolie campagne aux environs d'Alger. A peine le particulier eut-il appris mon nom que, me regardant fixement et saluant jusqu'à terre : — « Vous? Vous, son fils ? » s'écria-t-il d’un ton mêlé d’admiration et de doute. La visite du Gouverneur ne l'eût pas ému davantage. Il avait exercé jadis l'état de pépiniériste à Bellevue, dans la banlieue de Paris, et des livraisons de plantes l'avaient plus d’une fois mis en rapport avec Yèbles. Nous causâmes de l'affaire. Il s'agissait de choses graves : procuration, hypothèque, enregistrement. Peu à peu, cependant, mon campagnard absorbé, présumais-je, par une idée relative au sujet de notre entretien, ralentit son débit, espaça ses mots, coupa ses phrases et finalement tomba dans une méditation profonde. Puis tout-à-coup, collant sa bouche à mon oreille, et bien bas, comme si pareille confidence eût mis sa vie en danger : — « C'est Marouflot qui a volé la rose! » Cette préoccupation rétrospective ne semblera pas toutefois absolument dénuée d'à-propos aux yeux des amateurs d'horticulture. Malgré les caprices de la mode, malgré l'incessante émission de variétés nouvelles, la Noisette-Desprez figure encore avec honneur sur tous les catalogues. C'est mieux qu'une variété, c'est un type. »
Booklet (2009) Page(s) 29. Diploid...Jaune Desprez, heterozygous loci 83% [Provenance: Chamblee's Rose Nursery]
Book (2005) Page(s) 67. Desprez à Fleurs Jaunes. Syn. 'Jaune Desprez'. (Issu de 'Blush Noisette' x 'Park's Yellow Tea Scented China'.) Obtenteur: Desprez, 1835. Hauteur: de 4m à 6 m. Très remontante....Ce rosier, issu de même croisement que 'Lamarque', se révèle incomparablement plus rustique et simple à cultiver. Il accepte un sol pauvre, ainsi que la mi-ombre, et se développe avec force. Délicieusement parfumées, les corolles amples sont très doubles, en rosette plates, bien serrées et réglières, ornées souvent d'une petite couronne de pétales incurvés vers le centre. Elles arborent un superbe jaune cuir, mélé de jaune soufre,s'intensifiant légèrement au coeur et ressortant bien sur l'épais feuillage cireux d'un beau vert vif et luisant. La floraison abondante perdure bien tout au long de saison.
Desprez Origines non connues. Obtenteur: Desprez 1838. Hauteur: de 2 m. à 3 m. Très remontante. ..Les roses, assez larges, affectent la forme de véritables soucoupes plates, doubles mais un peu lâches, oÙ ondulent mollement les pétales du centre, plus petits. On y respire comme une odeur de fruits. Fleurissant en corymbes qui retombent au bout de longs rameaux, elles se parent d'une douve couleur rose aurore, illumninée de reflets nacrés, jaune et abricot, virant, en fin de floraison, au jaune clair rosé. Très sain, avec des folioles dures, allongées, vert olive, le feuillage abonde, formant un bel écrin. Les pieds produisent des pousses fortes et vigoureuses teintées de rouge du côte du soleil. Bien qu'acceptant la mi-ombre, il faut les protéger des froids les plus vifs. Fleuris dès le printemps, ces rosiers le restent jusqu'aux premières gelées. L'obtenteur, Desprez, était un rosiériste amateur, installé à Yèbles, et, chose remarquable à l'époque, pratiquait la fécondation artificielle. La variété aurait été vendue pour la somme énorme de 3000 francs de l'époque, à Sisley-Vandael, un rosièriste parisien. Ce rosier a, parfois, été confondu avec 'Desprez à Fleurs Jaunes'...
Article (magazine) (Jun 2002) Page(s) 47. Desprez á Fleur Jaune Noisette 1830. Also known as 'Jaune Desprez'... pale shades in buff, cream and yellow...
Book (Dec 1998) Page(s) 323. Includes photo(s). Jaune Desprez ('Desprez à Fleur Jaune', 'Jean Desprez', 'Noisette Desprez') Noisette. Desprez (France) 1830... pink buds open to reveal pale yellow blooms overshot with pink...
Book (1997) Page(s) 82. Hillary Merrifield. Workshop. What is that Rose’: A comparison between ‘Céline Forestier’ and ‘Desprez à Fleurs Jaunes’....
Book (Nov 1994) Page(s) 158. Desprez à fleur jaune Noisette. Desprez (France) 1830. ('Jaune Desprez') A hybrid between the 'Blush Noisette' and 'Parks; Yellow Tea-scented China'. [Thomas tells how he obtained this rose] Description... creamy-tinted apricot-pink, with peach and yellow flushes... Prince in his Manual of Roses, 1846, wrote: "It is so powerfully fragrant that one plant will perfume a large garden in the cool weather of autumn."
Book (Sep 1993) Page(s) 140, 144. Includes photo(s). Desprez à Fleur Jaune ('Jaune Desprez') Noisette. Parentage: 'Blush Noisette' x 'Park's Yellow China'. Desprez 1830. Description... The yellow is very pale, though often shot with suggestions of peach and apricot...
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